l’appelle aussi herbe à éléphants, ou encore roseau de Chine, le miscanthus géant est une graminée vivace à rhizome aux multiples intérêts. Cette plante possède un métabolisme de photosynthèse efficace permettant d’atteindre des rendements de 15 à 25 t de matières sèches par ha chaque année, d’où son intérêt pour la production de combustible.
L’herbe à éléphant progresse à pas de géants
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À la tête de Bical France, Emmanuel de Maupéou et Marc Xicluna développent les débouchés du miscanthus pour les agriculteurs.
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Plus populaire au Royaume-Uni, au Danemark ou encore en Allemagne, le miscanthus en est à ses balbutiements en France. Quelques hectares en Moselle et en Alsace sous l’inspiration allemande et 120 ha dans plusieurs autres régions sous l’influence de la filiale française de Bical. Créée en 1998 par un groupe d’agriculteurs, cette entreprise britannique a pour principal but de développer les marchés potentiels du miscanthus et fait figure de leader européen. “Trouver des débouchés, c’est notre métier, déclare Emmanuel de Maupéou, directeur général de Bical France. La première récolte des 40 ha a été vendue pour alimenter les fours d’un cimentier.” Beaucoup moins riche en silice que le blé, le miscanthus ne produit pas de mâchefer, lors de sa combustion.
Écologique et économique
Outre le combustible et la synthèse de biocarburants de deuxième génération, cette plante possède un pouvoir absorbant trois fois supérieur à la paille de blé. Peu poussiéreuse, cette litière réduit par deux le taux de cellules contenu dans le lait des vaches. Résistante au pourrissement, l’herbe à éléphant s’utilise également comme couverture en chaume, comme biocomposite ou encore comme matière première pour la fabrication de biopots.
Implantée pour les bandes enherbées, cette plante constitue un abri intéressant pour les animaux car la récolte du miscanthus est décalée avec la période de nidification des oiseaux. D’un point de vue énergétique, les études réalisées par l’Inra (projet Régix) révèlent un rendement (énergie produite/énergie pour produire la culture) trois fois supérieur au blé. Si l’installation est coûteuse (environ 3 000 €/ha), les coûts de production étalés sur quinze ans sont trois fois moins importants que celui du blé, du fait du nombre très réduit d’interventions. Selon Bical France, les marges brutes atteignent 900 à 1 100 €/ha pour un excédent brut d’exploitation de 500 à 700 €/ha. Des résultats attractifs qui font des émules, puisque la filiale française projette déjà l’implantation de 2 000 ha le printemps prochain.
Pas besoin de pesticides et d’engrais
La culture du miscanthus est relativement simple. Après implantation des rhizomes en mars-avril, la plante se développe jusqu’à sa hauteur maximale (2,50 à 4 m) à l’automne et perd ses feuilles pendant l’hiver, constituant un épais tapis de 10 cm qui empêche le développement d’adventices. Les tiges restent érigées et s’assèchent jusqu’à la récolte en mars-avril, réalisée à l’ensileuse ou à la presse haute densité. Âgées de 22 ans, les plus anciennes cultures européennes sont toujours aussi productives. Après récolte, la plante repart à partir des rhizomes et le cycle s’entretient sans aucun produit phytosanitaire ni apport d’engrais. Mis à part la récolte, aucune intervention n’est réalisée dans la parcelle pendant le cycle, excepté un désherbage la première année pour son implantation. Elle est par ailleurs peu envahissante, ne pouvant pas se reproduire sous nos latitudes.